
Louis et Victor sont deux frères, vivant ensemble sous le même toit, dans le souvenir de leur mère chérie. Tous deux sont acteurs, l’aîné fréquente les grands textes − Shakespeare, Musset et consorts −, le cadet performe tout nu peint en bleu. Même gourmandise des mots. Même vis comica. Même irrévérence.
À la fois pathétiques, insupportables, comiques et bouleversants, cousins de Laurel et Hardy, du clown blanc et de l’auguste, ils ont un âge moyen, une vie moyenne, un salaire moyen et des allocations de chômage moyennes, des combats perdus et de vraies questions, des rêves sublimes et des songes extravagants.
Ils naviguent sans boussole, à marée basse ou par avis de tempête, dans un temps qui désormais les ignore, loin de celui où Sarah Bernhardt sillonnait le monde telle une rock-star. Leur restent une irrévérence bouffonne à dénuder le roi et à traquer l’imposteur, un appétit féroce d’en découdre avec la bêtise et le temps qui va ; le verbe dont ils font bombance, une humanité tantôt à fleur de peau, tantôt enfouie sous les railleries ; l’envie de tout quitter pour gagner la falaise et une chanson qu’ils reprennent de temps à autre.
« Magistralement mis en scène par Philippe Sireuil et interprété par Fabrice Adde et Franck Arnaudon, le texte de Jean-Marie Piemme mêle amour de l’art et humour féroce. (…) A ce texte percutant, Philippe Sireuil offre une mise en scène de haut vol, tant dans la direction d’acteurs que dans ces petites surprises visuelles, musicales, sonores, gestuelles qui viennent renforcer le propos de l’auteur. Lolo et Toto, surnoms très beckettiens des deux frères de Cabots mordus, sont forcément cabots comme bon nombre d’acteurs. Cabots face au regard des autres dont ils ne peuvent se passer. Mordus par eux-mêmes, qui se déchirent et par le monde qui les blesse. Mais aussi et surtout par le théâtre dont ils ne peuvent se passer. » (Jean-Marie Wynants, Le Soir)
photo (c) Alice Piemme