
Nous allons vous emmener dans l’histoire d’Aloïse Corbaz, née en Suisse en 1886, figure inspirante et inspirée de l’Art Brut. Nous allons mettre sur scène ses vies. Sa vie réelle et sa vie rêvée.
Sa vie réelle, jalonnée d’événements heureux et tragiques, celle d’une orpheline qui rêve d’être cantatrice, de chanter seule sur une grande scène. Sa vie d’avant qu’elle nomme « le monde naturel ancien d’autrefois », sa vie d’avant l’enfermement.
Sa vie rêvée, elle l’a tracée, mise en scène aux crayons multicolores, à la teinture de géranium qu’elle confectionnait elle-même, à la pâte de mines de crayon broyées par la cuillère qu’elle gardait toujours sur elle, ne pas gaspiller. Il lui fallait inventer, sentir, vivre cet autre possible, réenchanter le monde. Elle œuvre dans le plus grand secret, cela ne regarde qu’elle.
Son « cloisonné de théâtre », un immense rouleau de 14 mètres fait de feuillets cousus ensemble, se regarde comme un film, se lit comme un roman graphique. Elle dessine le fabuleux que nous portons en nous.
Nous raconterons aussi les sentinelles, les veilleurs, les dénicheuses et dénicheurs qui ont rencontré cette femme qui avait humblement du génie.
Jean Dubuffet dit d’elle, après sa mort, dans une lettre à Jacqueline Porret-Forrel (médecin et amie d’Aloïse) :
« Elle n’était pas du tout folle (…) Elle s’était guérie elle-même par le procédé qui consiste à cesser de combattre le mal et entreprendre, tout au contraire, de le cultiver, de s’en servir, de s’en émerveiller, d’en faire une raison de vivre passionnante (…) ».
Texte et mise en scène : Muriel Clairembourg