Directeur artistique du Zürich Dance Ensemble, le chorégraphe et performeur américain basé en Suisse déploie une danse mythique qui tire son nom de la figure du jeune héros shakespearien dans un chœur de singularités.
Familier des scènes belges, Trajal Harrell nous revient avec une pièce ambitieuse, présentée entre autres dans la Cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon. Dans un décor de parois ajourées évoquant l’Italie médiévale, les interprètes commencent par se présenter au naturel : un nom, une caractéristique personnelle. Les personnes avant le personnage.
Car bientôt ces corps distincts – de genres, physionomies, origines multiples – feront corps commun, chœur et foule, creuset d’identités mêlées. C’est ainsi que Harrell dissèque, démultiplie, diffracte Roméo. LE Roméo, emblème littéraire et théâtral. Le jeune amant en quête d’absolu que cet article défini ouvre, paradoxalement, à l’universel.
En musique et en mouvements, le créateur joue des mixages : du voguing au butô, de l’esthétique du catwalk à l’inspiration queer et noire. En résulte un défilé délié, une danse ancestrale et d’aujourd’hui, irriguée de culture populaire, empreinte de naturel et de sophistication.
Trajal Harrell a reçu le Lion d’argent de la Biennale de Venise en 2024.
photo (c) Orpheas Emirzas